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20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 11:42


 "C'était le temps où les mots étaient magiques
L'esprit humain avait un pouvoir mystérieux
Un mot dit par hasard
Pouvait avoir d'étranges conséquences
S'il devenait soudain vivant.
Et ce que les gens voulaient, pouvait arriver
Tout ce qu'il fallait faire
C'était dire le mot
Personne ne pouvait expliquer ça
C'était comme ça"

Chant touareg


Peut-être ai-je besoin
Du mot orange
Pour entendre galoper les chevaux au lointain des steppes

Résonner les traîneaux de pluie
Les yeux éclaboussés de soleil
Aux confins d'une enfance...

Il y a toujours un homme, une femme derrière un poème. On l'oublie trop souvent.
Un homme, une femme derrière ses mots, un acte derrière une parole.
J'ai toujours craint la contradiction entre la vie et l'écriture; à la limite, écrire, c'est détourner la vie par les mots qui empêchent les rivières de couler, l'air de monter et le sang de nous réchauffer. Assis à nos tables, la vie file et ne nous attend plus. Et, pourtant, il faut en passer par là, pour que la vie en nous prenne du sens.
Il faut la retenir, la regarder par l'écriture, les yeux dans les yeux. Il faut par le langage la vérifier, peser son poids de vérité, au prix parfois de l'incompréhension des autres qui lisent notre présence au monde par une absence à leurs jours.

Tout ce que nous entreprenons s'incarne par des noms, des verbes.
Si je ne nomme pas, je ne sais pas.
Les noms deviennent des "noms propres" qui montent du corps au coeur et du coeur à la tête.
Il est vrai que les poèmes n'arrivent pas toujours dans la bonne boîte aux lettres et il arrive qu'une image attende son poème plusieurs années.

Il arrive que le poème se construise malgré lui autour de cette image endormie.
Il arrive que cette image se réveille un jour où le corps, l'âme et l'esprit au mieux de leur forme se démultiplient à l'infini; le corps penché sur la table comme le coureur cycliste penché sur lui-même avant le départ, l'esprit traversé d'est en ouest, du nord au sud par les lumières du dehors et l'âme portée par le sang jusqu'au cerveau frappent à la porte du bulbe et l'ouvre.
Il arrive le jour, où le désir de ces images est de traverser le poème; tant qu'il n'est pas écrit, il est parfait.

Il pleut orange
Les paroles tombent et s'installent sur la page qu'en silence
elles traduisent
Un pied sur la terre du monde
Un autre sur la table du ciel
J'apprends à marcher
Voyelle contre consonne
Adjectif contre nom
Et le verbe pour tenir le tout
Et le verbe pour tenir debout.

 

Agnès

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15 avril 2012 7 15 /04 /avril /2012 15:48

 

 

A.C 

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15 avril 2012 7 15 /04 /avril /2012 15:32

 


 

A.C

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15 avril 2012 7 15 /04 /avril /2012 13:05

"La nuit arriva dans un grand coup de vent. Elle n’était pas venue comme une eau par un flux insensible à travers les arbres, mais on l’avait vue sauter hors des vallées de l’est. D’un coup, elle avait pris d’abord jusqu’aux lisières du fleuve puis, pendant que le jour restait encore un peu sur les collines de ce côté-ci elle s’était préparée, écrasant les osiers sous ses grosses pattes noires, traînant son ventre dans les boues. Au premier vent elle avait sauté. Au premier vent elle avait sauté. Elle était déjà loin, là-bas devant, avec son haleine froide ; ici on était caressé par son corps tiède plein d’étoiles et de lune."

 

 

 

"– Je ne sais pas, dit l'aveugle. Qu'est-ce que c'est que votre jour dont vous parlez tant, votre nuit, vos villes, vos lumières, vos fenêtres allumées ?
La nuit c'est ce que tu vois, toi, dit Antonio.
Et le jour ?
Le jour, dit Antonio, c'est le jour, comment te dire ?
Moi, dit l'aveugle, voilà ce que je crois : le jour c'est l'odeur..."

 

 

 

"...regarde cette pierre. Antonio tourna la pierre dans ses mains. Elle est belle, dit-il.

Regarde, dit Toussaint. On dirait un grand pays, tu vois ces taches vertes avec leur encerclage noir, là ces plaines rousses avec la petite ligne brune qui sépare les champs. C'est un petit lichen vieux comme le monde : quelle confiance ! et c'est gros comme un poil de mouche et ça se dit : j'ai le temps."

 

 

 


 

"Antonio toucha le chêne. Il écouta dans sa main les tremblements de l'arbre. C'était un vieux chêne plus gros qu'un homme de la montagne, mais il était à la belle pointe de l'île des Geais, juste dans la venue du courant et, déjà, la moitié de ses racines sortaient de l'eau. - Ça va? demanda Antonio. L'arbre ne s 'arrêtait pas de trembler. - Non, dit Antonio, ça n'a pas l'air d'aller. Il flatta doucement l'arbre avec sa longue main. "

 

 

" L'amour c'est toujours emporter quelqu'un sur un cheval "

 

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13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 19:37

Et une femme qui tenait un bébé contre son sein dit, Parlez-nous des Enfants.

Et il dit :

Vos enfants ne sont pas vos enfants.

Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à la Vie.

Ils viennent à travers vous mais non de vous.

Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne sont pas à vous.

Vous pouvez leur donner votre amour, mais pas vos pensées.

Car ils ont leurs propres pensées.

Vous pouvez héberger leurs corps, mais pas leurs âmes.

Car leurs âmes résident dans la maison de demain que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves.

Vous pouvez vous efforcer d'être comme eux, mais ne cherchez pas à les faire à votre image.

Car la vie ne marche pas à reculons, ni ne s'attarde avec hier.

Vous êtes les arcs desquels vos enfants sont propulsés, tels des flèches vivantes.

L'Archer vise la cible sur le chemin de l'Infini, et Il vous tend de Sa puissance afin que Ses flèches volent vite et loin.

Que la tension que vous donnez par la main de l'Archer vise la joie.

Car de même qu'Il aime la flèche qui vole, Il aime également l'arc qui est stable.

 




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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 12:25

 

 

A.C 

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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 10:05

Tout le monde chasse au bonheur.

On peut être heureux partout.

Il y a seulement des endroits où il semble qu’on peut l’être plus facilement qu’à d’autres. Cette facilité n’est qu’illusoire : ces endroits soi-disant privilégiés sont généralement beaux, et il est de fait que le bonheur a besoin de beauté, mais il est souvent le produit d’éléments simples. Celui qui n’est pas capable de faire son bonheur avec la simplicité ne réussira que rarement à le faire, et à le faire durable, avec l’extrême beauté.

On entend souvent dire : « Si j’avais ceci, si j’avais cela, je serai heureux », et l’on prend l’habitude de croire que le bonheur réside dans le futur et ne vit qu’en conditions exceptionnelles. Le bonheur habite le présent, et le plus quotidien des présents. Il faut dire : « J’ai ceci, j’ai cela, je suis heureux. » Et même dire : « Malgré ceci et malgré cela, je suis heureux. »

Les éléments du bonheur sont simples, et ils sont gratuits, pour l’essentiel. Ceux qui ne sont pas gratuits finissent par donner une telle somme de bonheurs différents qu’au bout du compte ils peuvent être considérés comme gratuits. […]

Il n’est pas de condition humaine, pour humble ou misérable qu’elle soit, qui n’ait quotidiennement la proposition du bonheur : pour l’atteindre, rien n’est nécessaire que soi-même. Ni la Rolls, ni le compte en banque, ni Megève, ni Saint-Tropez ne sont nécessaires. Au lieu de perdre son temps à gagner de l’argent ou telle situation d’où l’on s’imagine qu’on peut atteindre plus aisément les  pommes d’or du jardin des Hespérides, il suffit de rester de plain-pied avec les grandes valeurs morales. Il y a un compagnon avec lequel on est tout le temps, c’est soi-même : il faut s’arranger pour que ce soit un compagnon aimable. Qui se méprise ne sera jamais heureux et, cependant, le mépris lui-même est un élément de bonheur : mépris de ce qui est laid, de ce qui est bas, de ce qui est facile, de ce qui est commun, dont on peut sortir quand on veut à l’aide de sens.

Dès que les sens sont suffisamment aiguisés, ils trouvent partout ce qu’il faut pour découper les minces lamelles destinées au microscope du bonheur. Tout est de grande valeur : une foule, un visage, des visages, une démarche, un port de tête, des mains, une main , la solitude, un arbre, des arbres, une lumière, la nuit, des escaliers, des corridors, des bruits de pas, des rues désertes, des fleurs, un fleuve, des plaines, l’eau, le ciel, la terre, le feu,, la mer, le battement d’un cœur, la pluie, le vent, le soleil, le chant du monde, le froid, le chaud, boire, manger, dormir, aimer. Haïr est également une source de bonheur, pourvu qu’il ne s’agisse pas d’une haine basse et vulgaire ou méprisable : mais une sainte haine est un brandon de joie. Car le bonheur ne rend pas mou et soumis, comme le croient les impuissants. Il est, au contraire, le constructeur de fortes charpentes, des bonnes révolutions, des progrès de l’âme. Le bonheur est la liberté.

Quand l’homme s’est fait une nature capable de fabriquer le bonheur, il le fabrique quelles que soient les circonstances, comme il fabrique des globules rouges. Dans les conjonctures où le commun des mortels fait son malheur, il y a toujours pour lui une sensation ou un sentiment qui le place dans une situation privilégiée. Pour sordide ou terrible que soit l’événement, il y a toujours dans son sein même, ou dans son alentour, de quoi se mettre en rapport avec les objets du dehors par le moyen des impressions que ces objets font directement sur les sens : si, par extraordinaire, il n’y en a pas, ou si l’adversaire a tout fait pour qu’il n’y en ait pas, reste l’âme et sa richesse.

C’est par l’âme que les rapports de couleur prennent leur saveur. C’est l’âme qui donne aux formes leurs valeurs sensuelles. C’est de l’âme que vient la puissance dévastatrice des sons. Ce bonheur ne dépend pas du social, mais purement et simplement de l’âme.

La nature est faite pour donner du bonheur aux âmes fortes. La civilisation ne pouvant jamais être contre, ou tout à fait contre, la nature, ne peuvent empêcher le bonheur : au contraire, elles donnent une infinie variété de matières (même quand, par principe, elles ne le veulent pas) qui fait s’épanouir le bonheur dans des quartiers nouveaux. On n’a pas toujours fumé du tabac, on n’a pas toujours bu du café, ou du vin. Les joies que procurent les déserts sont essentielles, non moins essentielles sont les joies que procure la ville. La solitude est un bonheur, la compagnie en est un autre.

A mesure que l’habitude du bonheur s’installe, un monde nouveau s’offre à la découverte, qui jamais ne déçoit, qui jamais ne repousse, dans lequel il suffit parfois d’un millimètre ou d’un milligramme pour que a joie éclate. Il ne s’git pas de tout ployer à soi, il ne s’agit que de se ployer aux autres. il ne s’agit plus de combattre (et s’il faut continuer à combattre sur un autre plan, on le fait avec d’autant plus d’ardeur), il s’agit d’aller à la découverte, et quand on a les sens organisés en vue du bonheur, les rapports à découvrir se proposent d’eux-mêmes.

L’aventure est alors ouverte de toute part. on n’attend plus rien puisqu’on va au-devant de tout, et on y va volontiers, puisque chaque pas, chaque regard, chaque attention est immédiatement payée d’un or qui ne s’avilit jamais, ne se dépense pas, mais se consume sur place au fur et à mesure, enrichissant le cœur et le flux du sang si bien que, plus la vie s’avance, plus on est doré et habillé, et plus tout ce qu’on touche se change en or.

S’il faut en tout de la mesure, c’et là qu’il la faut surtout : et ne pas croire qu’il soit question de quantités, qu’on ait besoin de Golconde, de Colchide, de Pérou, qu’il soit nécessaire de courir aux confins du monde, ou même de changer de place, que rien ne puisse se faire sans situation, que le bonheur soit l’apanage des premiers numéros. Non : la matière du monde est partout pareille, et c’est d’elle que tout vient. Un bel enterrement n’est jamais beau pour celui qui l’a cherché. Le sage cultive ses sentiments et ses sensations, connaît sur le bout du doigt le catalogue exact de leurs possibilités, et s’applique avec elles à utiliser les ressources du monde sensible. Naviguant à sa propre estime entre le bon et le mauvais, prenant un peu de celui-ci pour donner du sel à celui-là, ou l’inverse, cherchant la perle jusque dans l’huître pourrie, la trouvant toujours, puisqu’elle vient de lui-même, il se fait une belle vie et il en profite.

 


 
 

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8 avril 2012 7 08 /04 /avril /2012 10:10

Ma femme ou union libre

 

 

 

 

Ma femme à la chevelure de feu de bois
Aux pensées d'éclairs de chaleur
A la taille de sablier
Ma femme à la taille de loutre entre les dents du tigre
Ma femme à la bouche de cocarde et de bouquet d'étoiles de
dernière grandeur
Aux dents d'empreintes de souris blanche sur la terre blanche
A la langue d'ambre et de verre frottés
Ma femme à la langue d'hostie poignardée
A la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeux
A la langue de pierre incroyable
Ma femme aux cils de bâtons d'écriture d'enfant
Aux sourcils de bord de nid d'hirondelle
Ma femme aux tempes d'ardoise de toit de serre
Et de buée aux vitres
Ma femme aux épaules de champagne
Et de fontaine à têtes de dauphins sous la glace
Ma femme aux poignets d'allumettes
Ma femme aux doigts de hasard et d'as de coeur
Aux doigts de foin coupé
Ma femme aux aisselles de martre et de fênes
De nuit de la Saint-Jean
De troène et de nid de scalares
Aux bras d'écume de mer et d'écluse
Et de mélange du blé et du moulin
Ma femme aux jambes de fusée
Aux mouvements d'horlogerie et de désespoir
Ma femme aux mollets de moelle de sureau
Ma femme aux pieds d'initiales
Aux pieds de trousseaux de clés aux pieds de calfats qui boivent
Ma femme au cou d'orge imperlé
Ma femme à la gorge de Val d'or
De rendez-vous dans le lit même du torrent
Aux seins de nuit
Ma femme aux seins de taupinière marine
Ma femme aux seins de creuset du rubis
Aux seins de spectre de la rose sous la rosée
Ma femme au ventre de dépliement d'éventail des jours
Au ventre de griffe géante
Ma femme au dos d'oiseau qui fuit vertical
Au dos de vif-argent
Au dos de lumière
A la nuque de pierre roulée et de craie mouillée
Et de chute d'un verre dans lequel on vient de boire
Ma femme aux hanches de nacelle
Aux hanches de lustre et de pennes de flèche
Et de tiges de plumes de paon blanc
De balance insensible
Ma femme aux fesses de grès et d'amiante
Ma femme aux fesses de dos de cygne
Ma femme aux fesses de printemps
Au sexe de glaïeul
Ma femme au sexe de placer et d'ornithorynque
Ma femme au sexe d'algue et de bonbons anciens
Ma femme au sexe de miroir
Ma femme aux yeux pleins de larmes
Aux yeux de panoplie violette et d'aiguille aimantée
Ma femme aux yeux de savane
Ma femme aux yeux d'eau pour boire en prison
Ma femme aux yeux de bois toujours sous la hache
Aux yeux de niveau d'eau de niveau d'air de terre et de feu.


André Breton, Clair de terre (1931)

 

 

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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 14:04

 


 

A.C

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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 13:55

 

 

 

Le Grand Bazar (1973) est un film humoristique où les gags burlesques s'enchaînent les uns aux autres dans une ambiance "bon enfant". J'ai rarement vu un film avec autant de gags du début à la fin. Je ris toujours autant en regardant ce film. C'est vrai également pour " Les Charlots font l' Espagne".

 

A.C

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