commenter cet article …
«Je dis toujours qu'en poésie l'amour n'est pas un thème, mais la posture même de la voix poétique, tendue vers l'autre, désireuse que l'on souhaite sa présence.»
« Aucune fête n'est durable et c'est comme si la vie n'était faite que pour l'apprendre et l'assumer. Et la poésie pour nous dire que ce n'est pas si important.»
Ariane Dreyfus
se poser
s'allonger sur un banc
prendre le ciel
les nuages
par les yeux
prendre le rose
les gris
les mauves
l'orangé
prendre la vie
par le cou
le coeur
le corps
prendre tout
se reprendre
se surprendre
Agnès
Ondulations (© éditions de l'Amourier)
pour Joao Frutos
Entre les barques et les îles
poissons remuent nageoires
entre les arbres et les ombres
les odeurs du marché
entre aérogare et poussières
le rugissement tendre
entre le silence et la nuit
le baiser des fraîcheurs
Entre les cheveux et les mains
l'électricité passe
entre les sourcils et les cils
la paupière aux aguets
entre les lèvres et les dents
les premiers mots rieurs
entre les draps et la fenêtre
les souvenirs fidèles
Entre tôle et fibrociment
un abri pour l'orage
entre le chômage et les fêtes
une chanson tenace
entre les chevaux et les palmes
l'étoile du matin
entre les drapeaux et les vents
un claquement de langue
Entre les montagnes qui grimpent
les gouffres qui se creusent
entre volcans qui se réveillent
les cyclônes défilent
entre les horizons tremblants
glissements et cascades
entre la France et les Antilles
courriers et sargasses
Entre les serpents et les ailes
un dragon se redresse
entre les saveurs et langueurs
couteaux et crissements
entre carrefours et clochers
les fleurs sur les tissus
entre les embruns et les mouches
empreintes sur le sable
Entre les battements du coeur
le trac et les aveux
entre les mouvements des hanches
les cris des nouveaux-nés
entre les murs des hôpitaux
l'espoir de guérison
entre le texte et la peinture
l'amitié voyageuse
Michel Butor
Récipients d'air
Pommes poires et tralalas merles renards flûtes à bec
Et les petites bottes bleues enfoncées dans la boue
Après la peine la joie revenait aussi sec
Au bois sifflaient les ziaux les loups les pâtres grecs
Beaucoup d’airs de toutes sortes faisaient gonfler nos joues
Pommes poires et tralalères merles renards flûtes à bec
Il n’y avait pas d’euros de dollars de kopecks
On pouvait chanter fort la gadoue la gadoue
Après la peine la joie revenait aussi sec
Dans le vent murmuraient le lièvre et le fennec
Tournaient les grues les elfes les roues
Pommes poires et tralalères merles renards flûtes à bec
Au soleil se grisaient les drontes et les pastèques
Les porcelets songeurs échappés de la soue
Après la peine la joie revenait aussi sec
Mais de ce temps bon vieux ont eu lieu les obsèques
Et je sens ma chanson de vilain qui s’enroue
Pommes poires et tralalas merles renards flûtes à bec
Après la peine la joie revenait aussi sec
Valérie Rouzeau, Récipients d’air, Le Temps qu’il fait, 2005
C'est le rêve que nous portons
que quelque chose
va arriver,
que ça doit arriver -
que le temps va s'ouvrir
que le coeur va s'ouvrir
que les portes vont s'ouvrir
que la roche va s'ouvrir
que les sources vont jaillir -
que le rêve va s'ouvrir
qu'au point du jour
nous glisserons sur la vague
vers une anse
dont nous savions rien.
Olav H. Hauge
Au cirque
Et maintenant, Mesdames et Messieurs, nous vous présentons, en grande première mondiale, sans cage, avec son poitrail multicolore et toute sa crinière au vent : le bonheur. (Tambour et musique). Il apparut. C’était vrai, c’était le bonheur. Et de quelle taille ! Comme il n’était pas encore apprivoisé, il se jeta sur le public en rugissant et dévora la plupart des spectateurs.
Les oignons
Norge
Agnès
Jeu- bulle
Je bulle toute au soleil
Je bulle toute à l'azur
Je bulle toute à la nature
Je bulle sous le dais bleu du ciel
Je bulle sans savon
Je bulle dozer sans tondeuse à gazon
Je bulle d'alka seltzer sans maux de tête
Je bulle ding sans stress
Je bulle je lis sans lire
Les doigts de pied en liberté
Pas une fourmi pas un bourdon
A l'horizon
Quel délice ! Quel délire !
Je bulle toute la journée
C'est l'été !
C'été
J'ai la sensation
Que ça ne va pas durer
Agnès
" Les hommes qui inventèrent le temps, ont inventé ensuite l'éternité comme un contraste, mais la négation du temps est aussi vaine que lui. Il n'y a ni passé, ni futur, mais seulement une série de présents successifs, un chemin, perpétuellement détruit et continué, où nous avançons tous."
M. Yourcenar
" Le Temps, ce grand sculpteur "