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11 décembre 2010 6 11 /12 /décembre /2010 10:54

Coquillage

 

 

 

j'ai cru pouvoir séduire la mer

me suis glissé dans ses écumes

ses longs bras de femme

dentelles d'appartenance

qui donnent l'amour

pour mieux trouver l'absence

 

 

me suis reconnu

dans les grimaces du vent

j'avance...je recule

comme des marées

domptées par les astres

qui répètent sans cesse

un refrain blessé

d'insistance paisible

 

tanière d'enfances

mémoire fossilée

des fosses océanes

refuge utérin

où les mots sont caresses

où les mots n'ont pas besoin d'être

 

il en faut des regards

pour enfanter le monde

s'en tenir à l'impossible

 

et le cri

se reflètera-t-il un jour

dans les paumes levées

 

 

 

j' veux

des bateaux

dans ma mare

à café

 

 

 

A.C

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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 21:48

Ligériade

 

 

 

M'embrécher de mots

jusqu'à l'écorce

les ouvrir

et de leurs veines

s'engourdir

 

Peut-être

lèvres entrouvertes

nous déambulerons

chargés d'écume bleue

le regard

goutte à goutte

dans le regard de l'autre

et l'un ensemble

 

Peut-être

entre chair et peau

libres aliénés

mendiants de rêves qui crèvent les flots

nous aurons l'onde capricieuse

comme unique rempart

 

Nos deux squelettes enrubannés

d'épiderme et de feu

s'emmièleront fixés ensemble

dans les fonds baptismaux

 

Viendront se désaltérer

les rieuses

et nous

nous endormirons

 

Nous nous endormirons du même côté du temps...peut-être

 

 

 

 

Faisons

nous

sang d'encre

 

 

A.C

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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 21:36

 D'elle

 

 

 

D'elle j'ai les ailes dans le dos

du ciel j'ai le ventre bleu et la pluie

des couleurs qui me viennent d'en haut

quand je l'entends chanter "je pleure"

j'ai côte à côte des oiseaux

des carcasses d'absences toutes pleines d'infini

j'ai la vie à couper au couteau

dans mes yeux l'arrière-goût d'une mélancolie

 

D'elle j'emporterai là-haut

quelques perles en collier d'un bout de paradis

du bonheur en miettes et quelques mots

qu'elle m'offrait tard le soir qu'elle n'a jamais repris

et lorsque dans l'oeil de l'oiseau

comme en lignes de ma main elle verra que je souris

elle me fredonnera un sanglot

que je garderai comme un sourire de la vie

 

 

 

 

 

 

 

Khaban

"à la santé des fous"

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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 19:39

Françoise Sagan, Derrière l'épaule

 

 

..."j'ai toujours pensé qu'il y avait des familles sur la terre et que, en plus de ceux qui partagent votre sang et votre enfance, il y a aussi les familles du hasard, ceux que l'on reconnaît confusément comme étant son parent, son pair, son ami, son amant, comme ayant été injustement séparé de vous pendant des siècles que vous avez peut-être partagés sans vous connaître. Ce n'est pas ce qu'on appelle la famille de l'esprit ni celle des corps, c'est une parenté faite de silences, de regards, de gestes, de rires et de colères retenus, ceux qui se choquent ou s'amusent des mêmes choses que vous. Contrairement à ce qui se dit, ce n'est pas pendant la jeunesse qu'on les rencontre le plus souvent mais plus tard, quand l'ambition de plaire est remplacée par l'ambition de partager. Quand l'on ne cherche pas une éclatante victoire sur l'autre mais plutôt une paix honorable, quand on ne cherche surtout pas à découvrir la nature de quelqu'un, ayant compris qu'on ne peut connaître "vraiment" personne. Ce ne sont pas des propos pessimistes que je tiens là, tout au contraire."

...

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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 14:18

La couleur des robes de fille ne change pas.

Si nous les voyons en rouge, bleu, bleu marine, vert mais plutôt foncé, jaune or, jaunes, bleu ciel, c'est parce que nos regards traversent différentes couches que le temps perd sur son chemin.

La couleur des robes de filles ne change pas.

Un jour vient.

Un jour qui se glisse entre les maisons et dépose l'odeur de nos rivières le long des rues.

Sortez ! C'est le jour !

Sortez et vous verrez les filles.

Elles passent entre les bruits de la journée et les papillons blancs.

Elles sont en blanc. Les robes de filles sont blanches.

Blanc comme le mariage, comme la tristesse des Indiens.

Leurs robes sont légères, blanches décolletées.

Le décolleté profond comme le destin.

Mon chien fait le loup le jour des cloches de l'église.

Je fais le loup le jour des papillons et l'odeur des rivières.

Je sors et je suis le vent.

Au coin de la rue des Moulins un tourbillon de robes blanches et de papillons.

Une des filles a le visage que je ne vois pas, que je dois suivre.

Elle court, se retourne et rit.

Mes chiens la pourchasse et partent vers le pont. La robe blanche s'arrête sur le pont mais quand j'y arrive je ne la vois plus.

Mes chiens sont loin, sur l'île que la rivière forme avec ses deux bras. Je les entends.

La rivière curieuse, tourne encore une fois et s'attarde sous le pont.

- Où est-elle ?

Il n'y a pas de vague. Silence. Elle s'en va. Au loin je vois que sa surface bouge, les vagues, les mots partent avec le vent.

Elle sait. La rivière sait.

Mes chiens reviennent et courent les pattes dans l'eau vers la couronne d'écume sur la rive.

Je la trouverai, la fille en robe blanche

 

 

 

Gilles Ciloquin, Danser avec une étoile pour les loups

Editions Ruelle

 

 

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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 13:23

T-rêve

 

 

Rêve rêve à la beauté

plaisir de douceur

gestuel tremble d'émois

chair-âme troublée transie

 

Ressens la mélopée

abreuve la fate alitée d'espoir

tu es libre si tu dénies être une quelconque conséquence

déjoue son dé fin soir

 

Rêve rêverie

appartiens lui toi

souffle sur les éteignoirs de lumière

les mots peuvent être de venin

leur musique des requiems

qui t'enterrent dans la poussière

 

Rêve rêve plus haut plus loin

chasse les pensées sombres les casseurs d'étoiles

fais de tes mots des par-chemins

dans le vain verse de l'eau

 

L' Homme est bipolaire

il peut écrire des vers

tuer se tuer

massacrer pour un dieu qu'il n'a jamais vu

par besoin de croire

par besoin d'aimer

prétexte à la guerre

prétexte au pouvoir

au pouvoir de l'argent

excuse pour les tyrans

qui arrache les rêves aux yeux des enfants

 

les femmes qu'on mutile

les hommes qu'on humilie

la vie qu'on flingue aux couteaux

aux silex des mots

des pensées sclérosées

 

Rêve rêve

de pagnes de couleurs

du bruissement des corps qui voyagent

l'âme-coeur dans les ruisseaux des aubes dansantes

 

Ecoute écoute

l'eau qui glisse frissonnante sur les pierres

chercheuses de soleil

du réveil des champs

 

Rêve rêverie

Appartiens lui toi

A part de toi

ignorant de tout

 

 

A.C


 

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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 13:06

..." Il sait désormais que les seuls mots dignes d'être écrits surgissent quand la parole est impossible. Comme pour cette femme et cet homme séparés par des milliers de kilomètres de glace et dont les regards se rejoignaient sous une lente chute de neige. Comme ce garçon roux qui reste figé, ses yeux aveugles portés vers les étoiles qu'il n'a jamais pu voir."

...

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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 12:45

L'aventure

 

 

 

Prends garde c'est l'instant où se rompent les digues

C'est l'instant échappé aux processions du temps

Où l'on joue une aurore contre une naissance

 

Bats la campagne

Comme un éclair

 

Répands tes mains

Sur un visage sans raison

Connais ce qui n'est pas à ton image

Doute de toi

Connais la terre de ton coeur

Que germe le feu qui te brûle

 

Que fleurisse ton oeil

Lumière.

 

 

poème extrait du recueil "Les Mains libres" de Paul Eluard - Man Ray

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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 21:06

Geste pictural

 

 

Vous êtes là. Recroquevillé. Le coeur au centre des nerfs, puis debout, semblable à un enfant qui se sent vulnérable dans le noir et qui n'a de cesse de réclamer la lumière.

 

Vous apprivoisez l'instant. Votre corps même arrête le temps, chasse les secondes, effeuille la douceur d'un ciel, écoute la douleur d'une pluie.

 

Vos couleurs sont généreuses. Elles luisent épaisses comme des boucliers, bouquets de feux jetés sur vos doutes. Semences de vie d'espérances ou caresses du hasard.

 

Le geste.

Votre geste de peintre est émouvant. Il s'élance abandonnant le doute. Fébrile, il gesticule l'émotion.

Le pinceau docile suit votre main tel l'épi la courbe du soleil ou tel un soc, il laboure la toile, fouille dans son limon.

Il écrit l'histoire de votre clepsydre intérieure.

La légende d'un amour.

 

Il parle, dit la beauté.

La beauté seule. Oui. Enfin délivrée. Soudain offerte.

 

Cette lumière

Cette brûlure dans vos yeux

Elle parvient jusqu' au moment où vous enfantez l'image

Elle bouscule votre chambre océane

 

En vous regardant

C'est l'enfance qui nous tutoie

Qui nous tutoie

Assise dans l'éclat de son bonheur

 

 

 

A.C


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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 15:10

Balalaïka

 

 

Envoyez la musique

Envoyez la chanson

Ici on croque la lumière

Au son de l'accordéon

 

Sortez vos pinceaux

Montez sur l'escabeau

C'est ainsi qu'on peint

Au fusain

Les maux

Les mots leurs humeurs

Les îles émois

Et les couleurs

Les chuchotements de "je t'aime"

Sous les rideaux

 

Quelques perles de la Neva

Ruissellent encore

D'a-ccord

Et moi

 

Sacha, Micha

Les roubles qui roulaient sur la table

Comme les dés de la destinée

Au rythme de l'harmonica

 

Envoyez la musique

Envoyez la chanson

Ce soir

La bohème m'entraîne à Samara

Ce soir

Je resterai lovée

Dans les cordes d'une Balalaïka

 

 

A.C

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