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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 01:09

Cela fait cent ans

que je n’ai pas vu ton visage

que je n’ai pas passé mon bras

              autour de ta taille

que je ne vois plus mon visage dans tes yeux

cela fait cent ans que je ne pose plus de question

               à la lumière de ton esprit

que je n’ai pas touché à la chaleur de ton ventre.

 

Cela fait cent ans

                 qu’une femme m’attend

                               dans une ville.

Nous étions perchés sur la même branche,

                                sur la même branche

nous en sommes tombés, nous nous sommes quittés

entre nous tout un siècle

               dans le temps et dans l’espace.

Cela fait cent ans que dans la pénombre

               je cours derrière toi.

 

6 juillet 1959

 

Nazîm Hikmet


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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 01:00

Le voyageur magnifique (extrait)

Je vais à présent vous quitter. Mais j'ai apporté ce présent pour vous. Vous le regarderez ce soir, dans votre chambre, et plus tard dans le pays que vous allez rejoindre. C'est l'idéogramme le plus mystérieux du monde, aucune écriture n'a jamais inventé cela... Nous sommes une dizaine au Japon à savoir tous les kanjis de notre histoire, cette écriture importée de Chine dans notre pays par des moines... Il y en a plus de dix mille si on comptabilise ceux qui ont disparu et que le temps a oubliés. Je vous l'ai calligraphié au pinceau de martre, avec une encre de chine noire appelée nuit d'hiver, sur un papier japon de type washi , le plus noble. Cet idéogramme, regardé dans un sens, signifie "fin". La fin d'une idée, celle que je vous ai dite tout à l'heure, la fin d'un monde, la fin des hommes, non pas leur disparition, mais les hommes d'une lignée, avec une idée d'eux mêmes venue du début des temps, du début de l'histoire, progressant, inventant, cherchant à conquérir le ciel, à inventer les objets qui rendent accessible une certaine forme de bonheur... Cet idéogramme "fin" a ceci de particulier et d'unique : quand on le retourne, il signifie "début". C'est le seul idéogramme du monde, la seule écriture qui ait ce pouvoir. Il ne peut jamais être inscrit sur une feuille avec d'autres signes et a toujours ce privilège d'être seul, énigmatique, au milieu d'un rouleau de papier...
A chaque extrémité, j'ai disposé un morceau de bambou. L'un est peint de bleu, l'autre de rouge. Le bleu en haut, l'idéogramme dit début, le rouge en haut, il dit fin. Il faut retenir cela, c'est important de ne jamais confondre ce que signifient les choses. 

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2 septembre 2012 7 02 /09 /septembre /2012 19:51

J’avais cru entendre pourtant
"Tu peux jouer encore un moment !"
Il fallait faire mes devoirs ?
Quelle merveille !
À n’ en pas croire
À n’en pas croire ses oreilles !

Tu m’avais dit, j’en étais sûr
"Reprends un peu de confiture !"
Et je ne peux pas en ravoir ?
Ah ! Les groseilles !
À n’en pas croire
À n’en pas croire ses oreilles !

J’étais certain que mes affaires
Tu disais: "Laisse-les par terre !"
Ça voulait dire dans l’armoire ?
Adieu soleil !
À n’en pas croire
À n’en pas croire ses oreilles !

Tu dis ceci, j’ entends cela
Tu dis "non", j’entends "chocolat"
Rien n’est pareil !
À n’en pas croire
À n’en pas croire ses oreilles !


                     Jacques Charpentreau

 

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2 septembre 2012 7 02 /09 /septembre /2012 19:45

Une pensée sans mot 

pensée sur la pointe des pieds
entre sourire d’amitié  

 caresse inachevée   

silence heureux
A peine l’éclair vif d’une truite au torrent
La trace s’effaçant d’une étoile filante
ou l’esquisse du chant d’un oiseau très petit

Une pensée de toi m’a effleuré
en chuchotant      

Je ne fais que passer

C’était ta voix
ta voix de vent léger sur les dunes de pin
la mer qui souffle bas sous une lune pâle
voix de pieds nus   

de feu de bois de citronnelle
de la mousse d’écume aux crêtes de la vague

ta voix traverse-temps qui tisse mon espace

 

CLAUDE ROY

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2 septembre 2012 7 02 /09 /septembre /2012 11:28

Ne faut-il pas moins qu’une déclaration d’amour pour dire l’amour, son amour ?

 

A force de mourir et de n’en dire rien

Vous aviez fait un jour jaillir, sans y songer,

Un grand pommier en fleurs au milieu de l’hiver

Et des oiseaux gardaient de leurs becs inconnus

L’arbre non saisonnier, comme en plein mois de mai,

Et des enfants joyeux de soleil et de brume

Faisaient la ronde autour, à vivre résolus.

 

Ils étaient les témoins de sa vitalité.

  Et l’arbre de donner ses fruits sans en souffrir

Comme un arbre ordinaire, et, sous un ciel de neige,

De passer vos espoirs de toute sa hauteur.

 

 

Et son humilité se voyait de tout près.

Oui, craintive, souvent, vous vous en approchiez.

 

 

Le pommier , poème du recueil “Les amis inconnus”, Poésie, éditions Gallimard

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18 août 2012 6 18 /08 /août /2012 12:39

Il n’y aura jamais assez

De caresses et de baisers 

Sur cette terre 

J’aimerais ne partager

Que douceur tendresse et paix 

Ma vie entière

Ni toi ni moi ne sommes faits

Pour la guerre

Nous sommes faits pour marcher 

Résolument vers la lumière

Je ne veux plus entre toi et moi

Une quelconque intifada 

Je ne veux plus te parler sabre 

Je veux la grande paix sous les arbres 

J’veux respirer l’air du matin

Tout frais ,tout neuf qui fait du bien

Je veux remplir mes poumons d’air pur

J’veux de l’amour et pas des murs

De janvier jusqu’en décembre

Je ne veux naviguer que tendre

Je ne veux plus la moindre fusée

De longue ou de moyenne portée 

Je veux un ciel bleu dégagé 

Que le soleil puisse y jouer. 

 

 

Julos Beaucarne


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17 août 2012 5 17 /08 /août /2012 19:32

" Vivre bien sûr, c'est un peu le contraire d'exprimer. Si j'en crois les grands maîtres toscans, c'est témoigner trois fois, dans le silence, la flamme et l'immobilité.

Il faut beaucoup de temps pour reconnaître que les personnages de leurs tableaux, on les rencontre tous les jours dans les rues de Florence ou de Pise. Mais, aussi bien, nous ne savons plus voir les vrais visages de ceux qui nous entourent.[...]

 

Dans les immenses maestas des églises toscanes, je vois bien une foule d'anges aux visages indéfiniment décalqués, mais à chacune de ces faces muettes et passionnées, je reconnais une solitude.

Il s'agit bien vraiment de pittoresque, d'épisode, de nuances ou d'être ému. Il s'agit bien de poésie. Ce qui compte, c'est la vérité. Et j'appelle vérité tout ce qui continue. Il y a un enseignement subtil à penser qu'à cet égard, seuls les peintres peuvent apaiser notre faim. C'est qu'ils ont le privilège de se faire les romanciers du corps. C'est qu'ils travaillent dans cette manière magnifique et futile qui s'appelle le présent. Et le présent se figure toujours dans un geste. Ils ne peignent pas un sourire  ou une fugitive pudeur, regret ou attente, mais un visage dans son relief d'os et sa chaleur de sang. "

 

A. Camus

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5 août 2012 7 05 /08 /août /2012 22:10

" Nos corps peuvent prolonger nos mots, ils ne peuvent les remplacer ni les démentir. "

 

" Le temps a deux visages, se dit Khayyam, il a deux dimensions, la longueur est au rythme du soleil, l'épaisseur au rythme des passions. "

 

Amin Maalouf


 

J'ai découvert ces mots, il y a quelques temps...je les trouve très beaux et justes à la fois.

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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 15:43

" Il faut toujours connaître les limites du possible. Pas pour s'arrêter, mais pour tenter l'impossible dans les meilleures conditions."

 

" La faiblesse a toujours vécu d'imagination. La force n' a jamais rien inventé, parce qu'elle croit se suffire.

C'est toujours la faiblesse qui a du génie."

 

Romain Gary

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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 17:00

...

Aimer, c'est l'innocence éternelle, et l'unique innocence est de ne pas penser

 

 

et dans ce temps où "un certain vide sidéral" se fait ressentir ( temps des soldes : vestiges de notre

civilisation ?)

 

 ...écouter de la musique ou/et lire Christian Bobin nous renvoie de la lumière :

 

" Dans la cuisine, des roses minuscules, adorables. Deux sont en grande conversation, appuyées l'une sur l'autre.

Quand je quitte l'appartement, je les regarde et j'ai le sentiment de partir en laissant la lumière..."

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