Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 décembre 2011 7 04 /12 /décembre /2011 21:37

Gaston Couté, chantre des gueux, des damnés de la terre, est né à Beaugency en 1880, lycéen il collabora à la Revue littéraire et sténographique du Loiret et au Progrès du Loiret. A 18 ans, il décide de partir pour Paris. Il se produit avec succés dans les cabarets de Montmartre et écrit dans des revues anarchistes.

La misère et l'alcool l'emporteront le 28 juin 1911.

Gaston Couté, selon Victor Méric, " flagellait les tartuferies, magnifiait les misères, pleurait sur les réprouvés et sonnait le tocsin des révoltes. "

 

Les textes de Gaston Couté sont faits pour être lus, dits...davantage pour la bouche que pour les yeux.

 

 

 

J'AI FAIT DES BLEUS SUR TA PEAU BLANCHE


J'ai gardé pour d'autres nuitées
Les doux bécots au coin des yeux
Et les mignardes suçotées
Au fin bout des seins chatouilleux ;
Cette nuit, pour passer ma rage
De ne pouvoir t'avoir longtemps,
J'ai fait l'amour comme un carnage,
En gueulant, griffant et mordant.

J'ai fait des bleus sur ta peau blanche
A grands coups de baisers déments :
Ton corps est un champ de pervenches...
Va trouver tes autres amants !..

Va les trouver, tes amants chouettes ;
Le petit crétin bien peigné
Ou le vieux birbe à la rosette,
Dont mon coeur a longtemps saigné !...
Va dévoiler devant leurs couches
Tes bras et ta poitrine ornés
Du bouquet de mes fleurs farouches,
Et fais-leur sentir sous le nez !...

Va les trouver l'un après l'autre :
Petit jeune homme et vieux monsieur...
Va les trouver pour qu'ils se vautrent
Parmi tes bleus qui sont mes bleus !
Et que ces bleus railleurs leur disent,
Avec mon amour éclatant,
Leur muflerie et leur sottise...
Et toi... .dis-leur d'en faire autant !

 

JOUR DE LESSIVE

Je suis parti ce matin même,
Encor soûl de la nuit mais pris
Comme d'écœurement suprême,
Crachant mes adieux à Paris...
Et me voilà, ma bonne femme,
Oui, foutu comme quatre sous...
Mon linge est sale aussi mon âme...
Me voilà chez nous !

Ma pauvre mère est en lessive...
Maman, Maman,
Maman, ton mauvais gâs arrive
Au bon moment !...

Voici ce linge où goutta maintes
Et maintes fois un vin amer,
Où des garces aux lèvres peintes
Ont torché leurs bouches d'enfer...
Et voici mon âme, plus grise
Des mêmes souillures - hélas !
Que le plastron de ma chemise
Gris, rose et lilas...

Au fond du cuvier, où l'on sème,
Parmi l'eau, la cendre du four,
Que tout mon linge de bohème
Repose durant tout un jour...
Et qu'enfin mon âme, pareille
A ce déballage attristant,
Parmi ton âme - à bonne vieille !
Repose un instant...

Tout comme le linge confie
Sa honte à la douceur de l'eau,
Quand je t'aurai conté ma vie
Malheureuse d'affreux salaud,
Ainsi qu'on rince à la fontaine
Le linge au sortir du cuvier,
Mère, arrose mon âme en peine
D'un peu de pitié !

Et, lorsque tu viendras étendre
Le linge d'iris parfumé,
Tout blanc parmi la blancheur tendre
De la haie où fleurit le Mai,
Je veux voir mon âme, encor pure
En dépit de son long sommeil
Dans la douleur et dans l'ordure,
Revivre au Soleil !...   

 

A.C

 


Partager cet article
Repost0
4 décembre 2011 7 04 /12 /décembre /2011 21:20

Abraham Mintchine
Abraham Mintchine

 

Mintchine n'a pas faim

 

 Mange, ma belle,
Mintchine n’a pas faim.
Il est comme ce buveur que tu vois devant toi
Sur cette toile,
Un gars hardi, aux plaisirs simples,
Un ballon de  rouge, et peut-être deux.
Ou trois ou quatre si les poches de ses potes
N’ont plus de gros trous.
Car le vin est comme le pinceau,
Il fait oublier les exigences absolues :
Du pain pour manger,
Un toit pour abriter.
Du charbon pour réchauffer les bouts
Des petits doigts de notre enfant.
Non, ma belle, je t’en prie,
Mange.
Mintchine n’a besoin
De rien.
Joye
Partager cet article
Repost0
3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 17:45

 

 

A.C

Partager cet article
Repost0
3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 17:33

 


 

A.C

Partager cet article
Repost0
2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 14:31

Comme un type qui a mal tourné...

Qu'est-ce-que vous voulez
J'suis un type qui a mal tourné

Déjà enfant quand j'allais à l'école
Où l'on n'm'voyait pas très souvent
J'préférais les mûres les chansons et les cabrioles
Dénicher les oisillons dans les buissons

Comme disait ma pauv' mère
T'es un môme qui va mal tourner !

Ma pauv'mère avait d'l'idée
J'ai tous les vices
J'ai froid je bois je fume
Pas qu'd'la réglisse
Et v'là qu' j'm'enrhume
Rien que d'en parler

Qu'est-ce-que vous voulez
J'ai trop voulu être libre
Comme lorsqu' j'étais écolier
J'n'ai pas su trouver l'équilibre
Ni une place dans la société

J'suis comme un type qui a mal tourné

Même ma Nicole
Elle en a eu ras-le-bol
De m'voir rentrer presqu' chaqu' soir
Tout barbouillé de désespoir

Rien à offrir rien à donner
J'suis pas rentier
J'n'ai pas d'métier
Dont j'peux m'vanter

J'n' suis qu'un type
Qui a mal tourné
Un chansonnier
Mal décoré

( un petit clin d'oeil à l'univers de Gaston Couté )

 

d'après l'oeuvre d'Abraham Mintchine

 

Voici un lien : http://mintchine.com/

 

 

Agnès

Partager cet article
Repost0
1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 15:11

 

 

 

Rien n'altère sa soif de musique.
Rien ne le dérange.

Ni cette place inoccupée du balcon
Ni ce tohu-bohu au sein de l'auditoire
Pas même le bruit du coeur contenu dans chaque regard
Ni les chuchotements qui s'évaporent decrescendo dans le feutre des fauteuils.

Pugnace, il semble chercher la plus haute note, la plus belle mélodie.
Rien ne l'empêche de dérouler la partition de sa dernière ballade.
Comme l'amoureux solitaire, il jouera pour sa rose et qu'importe si sa musique est triste ou gaie et qu'importe le corps de l'instrument, il veut jouer...il jouera donc dans ce soir qui s'achève, tout embaumé de parfums de couleurs en éventail, car ce soir...le prince, c'est lui.

Bientôt d'autres musiciens viendront le rejoindre avant le soleil de l'aube.
Imagine-t-il déjà le chant d'une sirène quittant le port...
Mais là, maintenant, rien n'altère sa soif de musique. Ce soir. Ce soir et pour demain.
Il peut enfin fermer les yeux.
Commencer à jouer.
A s'oublier.
Le silence lui appartient.

 

Agnès

Partager cet article
Repost0
1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 15:03

Je trinque à la santé
des indignés
des oubliés
des déshérités

à ceux qui en ont assez de trinquer
je lève mon verre de l'amitié

je trinque à la santé
de Léo l'accordéoniste
de Sacha Micha tendant les cordes
d'une balalaïka
et les dés de la destinée
roulant sous la table de l'estaminet

je trinque à la santé
du ruisseau qui s'entend encore
sous la noirceur du bitume

je trinque au pont Mirabeau
et dessous coule la Seine

je trinque à la santé
de ceux qui ont osé dire non
quand ON attendait un oui à l'unisson

je trinque à ta santé
frère de solitude
toi qui as su dire oui
sans chercher à savoir d'où je venais

à toi Douce
qui un jour me prit la main
sans la retenir
et moi me regardant mourir
dans ton sourire

au "gisant vénitien"
aux "poètes assassinés"
aux grands qui portent encore sur leur visage
leurs yeux d'enfants

je trinque aux pavés de Paris
battus tous les samedis
et les jours de criée

je trinque à la santé
de la vie
aux rimes pauvres
aux rimes riches
qu'est-ce- que ça peut faire
s'il manque des pieds
en poésie
on peut tout faire

je trinque à la santé
du désespoir
quand il est le seul
à me tenir chaud le soir

je trinque à la santé
du soleil et de la pluie
à la lumière à son ombre
aux ailes de l'espoir

je trinque à la santé
de l'océan
à sa musique
à ses vagues limpides
à ses peintures d'histoires

je trinque à la santé
de ceux que j'ai aimés
aujourd'hui dispersés
aujourd'hui disparus

je trinque à la santé
de mes rêves perdus
ceux que j'ai oubliés
ceux que j'ai vécus
ceux qui ne sont pas encore nés

je lève mon verre
à tout ce que je n'ai pas encore é-crit

 

Agnès

 

 
d'après l'oeuvre d' Abraham Mintchine, le buveur

Partager cet article
Repost0
29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 18:38

LE MAUVAIS COTON


Y a des gens qui disent ça ira
Y a des gens qui disent à quoi bon
Y a des gens qui disent pourquoi pas
Y a des gens qui disent dans le fond

Des choses à dire il y en a mille
j'sais pas quoi dire alors je file
un mauvais coton (bis)

Y en a qui font n'importe quoi
Et y en a qui font l'impossible
Yen a qui en font tout un plat
Yen a qui en font le moins possible

Des choses à faire il y en a mille
J'sais pas quoi faire alors je file
un mauvais coton (bis)

Y en a qui sont des moins que rien
Yen a qui sont pas grand chose
Yen a qui sont des propres à rien
Y en a qui sont propre que la chose

Des choses à être il y en a mille
Jsais pas quoi être alors je file un mauvais coton (bis)

Et puis avec ce coton là
Je me ferais un habit tout blanc
Un habit qui me servira
Quand je n'aurais plus mal au dent

Parce que les femmes y en a pas mille
Qu'on soit dans le bain ou bien qu'on file
un mauvais coton (bis)

Ils auront tous cet habit là
Quand ils n'auront plus mal au dents
Ils auront tous cet habit là
Quand ils seront à l'abri du temps

Alors je ris j'trouve ça marrant
Alors je ris tout en filant
mon mauvais coton (bis)

 

*

C'EST PAS DE MA FAUTE


-Pourquoi qu't'a pris mon oreiller
Pourquoi qu't'a pris mes beaux souliers, mon pére mon frére et ma p'tite soeur
pour la faire mendier rue Jules Coeur ?

-c'est pas d'ma faute je n'pouvais pas faire autrement tu comprendras
c'est pas de ma faute tu le verras (bis)

Pourquoi qu't'a pris l'homme de ma vie simplement pour passer la nuit ?
Pourquoi qu't'a laissé ton vieux pére dans un caniveau l'autre hiver?

-c'est pas d'ma faute je n'pouvais pas faire autrement tu comprendras
c'est pas de ma faute tu le verras (bis)

Pourquoi qu't'as mis du verre pilé dans le café du vieil amédé
dont tu a pris l'appartement une heure aprés l'enterrement

-c'est pas d'ma faute je n'pouvais pas faire autrement tu comprendras
c'est pas de ma faute
Voici pourquoi: j'suis égoïste!

 

*

LA VIE SUR LES BRAS


La vie pour mes bras c'est beaucoup trop lourd
même entre vos bras ô mon bel amour
la vie pour mes bras c'est beaucoup trop lourd

je suis si fragile et il fait si froid je ne tiens qu'à un fil
je ne vivrais pas jusqu'au mois d'avril
si vos deux grands bras vos deux bras virils ne me portaient pas

je suis si fragile et il fait si froid
la vie c'est méchant ça griffe et ça mord
vous êtes si grand vous êtes si fort

chargez vous de tout oh chargez vous de moi
je serai à vous vous serez mon roi
et je ferai tout ce que l'on voudra

la vie c'est méchant ça griffe et ça mord.
la vie pour mes bras c'est beaucoup trop lourd
ne me laisse pas seule sans secours

j'ai les bras trop blancs pour faire un effort
vous êtes si grand vous êtes si fort
moi comme un enfant soumis à mes corps

je serais me taire j'exigerai peu ...
seulement de faire tout ce que je veux (bis)

 

 

A.C

 

 

 

Partager cet article
Repost0
29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 16:02

Eclipse

 

La terre et la lune

s'épousent parfois.

Exactement.

 

*

 

Ciel

 

Ciel ?

Beau

Je ne le vois

qu'à travers les nuages

 

*

 

Où sommes-nous

 

Dans la lune

Et si loin

des étoiles

 

*


Grains

 

Je compte

un peu

passionnément

mes grains

de raisin

 

*

 

Océan

 

On frappe à la vitre

- Qui est là ?

-...

- C'est l'océan

 

*

 

Cygnes

 

Comment vous dire

je vous aime

si les cygnes s'éloignent

 

*

 

Feuille

 

C'est l'heure

Une feuille saute

sans parachute

 

*

 

Arbre

 

Ton squelette nu

ne cache plus les enfants

ni les amoureux

 

*

 

Le silence

 

Le silence

prend la place

de la lumière

 

*

 

Hiver

 

Le paysage

a oublié

son texte

 

 

Agnès

Partager cet article
Repost0
29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 15:51

Le tigre

 

Toujours les mêmes mots et les mêmes images

Aller-retour des vers sans heurts et sans accrocs

L'espace ouvert en vain au-delà des barreaux

Le tigre du poème acculé dans sa cage.

 

Ah ! qu'il rugisse enfin et qu'éclate sa rage !

Qu'une main le libère et qu'il plante ses crocs

Dans la chair bien nourrie des sinistres bourreaux

Qui règnent sur le monde et partout le saccagent !

 

Et que l'élégie pleure aussi parmi les morts

Tous les assassinés pour le pétrole et l'or

Les sans-pain les sans-voix les vaincus sans ressources.

 

C'est pour eux qu'aujourd'hui passé le temps des pleurs,

Ses yeux verts flamboyant, d'une nouvelle ampleur

Dans la jungle du temps le tigre prend sa course.

 

             Jacques Charpentreau. Ombres légères. La Maison de Poésie, 2009.

 

 

MUSIQUE

 

Frapper son tambour c'est lourd

Racler son violon c'est long

Rugir du tuba c'est bas

Scier sa contrebasse ça lasse

 

Sonner des cymbales ça râle

Jouer du mirliton ça fond

De la cornemuse ça use

Souffler dans la flûte c'est brute

 

Emboucher le cor c'est fort

Toucher du piano c'est beau

Mais jouer de l'orchestre

C'est preste, c'est leste, c'est céleste


Jacques Charpentreau

 

A.C

 

 


 

Partager cet article
Repost0