Bleu de cyan
par mercure-mot-chrome.over-blog.com
Et si mon coeur n'est pas plus pur
que la source où boivent mes rêves
c'est qu'il est transpercé de glaives
et qu'il reste criblé d'azur
Léo Ferré
A.C
Bleu de cyan
par mercure-mot-chrome.over-blog.com
Et si mon coeur n'est pas plus pur
que la source où boivent mes rêves
c'est qu'il est transpercé de glaives
et qu'il reste criblé d'azur
Léo Ferré
A.C
Alexandre Romanès
L'âme du cirque.
Alexandre Romanès est issu de la famille Bouglione. Equilibriste et dresseur, il a choisi la vie libre et nomade du cirque itinérant qu’il a fondé. Véritable poète de la vie gitane, il apprend à écrire pour publier ce qu’il vit et ce qu’il ressent.
Alexandre Romanès est né en 1951 dans une grande famille de cirque venue d'Italie. Il s'exerce à toutes les disciplines, surtout l'échelle libre, le travail avec les fauves. Dès ses treize ans il participe aux numéros des grands.
Jusqu'au jour où il quitte le cirque familial, celui de Firmin Bouglione. Il trouve que chez les siens la piste a perdu de sa magie, la culture gitane étant reléguée au second plan, au bénéfice des Cadillac et des gourmettes.
On le retrouve dans un numéro d'échelles libres qui fait fureur à Saint-Germain-des-Prés ; c'est là qu'il rencontre Jean Genet, en 1976.
Au début des années 1990, il rencontre Délia, une gitane issue de la tribu des Lovaris, parmi la communauté roumaine des musiciens tsiganes du camp de Nanterre. Délia devient sa femme, et les gitans sa nouvelle famille de cirque.
Alexandre et Délia créent le premier cirque tsigane d'Europe : le Romanès, Cirque Tsigane.
Sur l'épaule de l'ange, Alexandre Romanès
" Quand j'aime un livre
il reste des mois dans ma poche
à la portée de ma main "
" Les gens qui se croient importants
ont à mes yeux moins d'importance
que les dessins d'enfant "
" J'ai partagé le monde en deux :
d'un côté il y a ce qui est poètique
de l'autre côté ce qui ne l'est pas .
Ce qui est poétique existe à mes yeux,
ce qui n'est pas poétique,
je ne le regarde même pas "
A.C
A.C
Sable mouvant
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
Et toi
Comme une algue doucement caressée par le vent
Dans les sables du lit tu remues en rêvant
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
Mais dans tes yeux entr'ouverts
Deux petites vagues sont restées
Démons et merveilles
Vents et marées
Deux petites vagues pour me noyer.
(Jacques Prévert)
A.C
Résonance ou résonnance
Résonance peut s'écrire résonnance
selon l'humeur
prolongement ou amplification de sons
physique ou poétique
c'est comme on veut en poésie
mots écrits sur un flocon de neige
qui chercherait où se poser
qui repartirait soulevé
envolé
il en resterait de la fraîcheur
de la douceur
des étoiles filantes se parlent
aux portes de l'avenir
tentation d'un matin
bleu de cyan
*
Bleu de cyan
Amour
mon âme est bleue
comme un grand ciel
je te la donnerai à boire
à l'aube
nectar de ma main
sur ta peau
désertée
demain
peut être
*
Autant en laisse le vent
Ton coeur fut un roseau
Pris dans les bras du vent
Vole au loin, bel oiseau
Vole vers le levant
Reste doloroso
Reste bel arioso
Éos enfant du matin
Grise le chagrin
*
Sommes- nous
sommes-nous
fable
que notre corps raconte
mot de l'énigme
un presque vivre
un presque mourir
sommes-nous
sommeil
comme désert
ou village
sous la neige
enfants de Cabral
au bord d'une eau
de cristal
sommes-nous
sourire
de lune entière
phare amoureux des chevilles
enlacées de lumière
Agnès C
Quand poésie et peinture se rencontrent :
Max Ernst, La Puberté proche… ou Les Pléiades, 1921
Max Ernst est né en 1891 à Bruhl près de Cologne et mort à Paris en 1976. Il est une figure dominante du surréalisme. Par son œuvre novatrice et complexe il reste un des artistes majeurs du XXe siècle.
Ce tableau a été réalisé par le montage de différents éléments photographiques, assemblés et collés selon une logique qui vise le dépaysement, auxquels sont intégrées sur l’ensemble de l’œuvre peinture à l’huile et gouache. A cause de son impact sur l’inconscient, la technique du collage et du photomontage plaît aux surréalistes.
Pour son personnage central, Ernst utilise un nu de femme sur un divan. Par le passage de l’horizontale à la verticale, il transforme ce nu allongé en nu en suspension. Le bleu du fond évoque un ciel, tandis que les effilochements argentés, placés en haut du tableau, font penser à des ailes. Le titre, Les Pléiades, suggère une constellation d’étoiles. Un pavé en train de tomber, en bas et à gauche du tableau, évoque la force de gravité qui s’oppose à l’élévation des astres. Rappel aussi d’une célèbre phrase de Lautréamont qui, dans le premier des Chants de Maldoror (1868), écrit : « La pierre voudrait se soustraire aux lois de la pesanteur ? impossible. »
L’œuvre s’accompagne d’un poème énigmatique où il est question de gravitation, de force d’attraction, qui est aussi celle exercée par le corps de la femme. Jouant sur la polysémie du terme gravitation, Ernst glisse du phénomène physique exercé par la terre, à une attraction d’un autre ordre, exercée par le corps féminin, ouvrant ainsi la porte à la dimension du désir. La notion de gravitation est donc, au sens freudien du terme, surdéterminée. C’est dans son ouvrage capital, L’Interprétation des rêves (1900), que Freud définit le processus de la surdétermination : « Chacun des éléments du contenu manifeste du rêve est surdéterminé, il est représenté plusieurs fois dans les pensées latentes du rêve. »
La sensation qui se dégage de l’ensemble de la composition est d’une sérénité rare. L’harmonie chromatique qui s’établit entre l’étendue bleue pâle, le jaune sable et l’intensité de l’élément rouge placé au centre du tableau, participe de cet effet. Le nu féminin s’installe dans l’espace en équilibre, entre la verticale de son corps allongé et l’horizontale créée par son bras gauche qui se prolonge par une droite, traversant une forme ronde, est-ce l’image de la terre ? Dans cet entrelacs de formes, advient un chiasme optique qui réunit le corps féminin et la sphère terrestre. Les deux forces d’attraction se rencontrent et se superposent ainsi sous nos yeux.
Le geste de la tête qui se plie vient prolonger l’horizontale du bras pour s’inscrire dans une même ligne, à laquelle font écho, en bas et en haut du tableau, d’autres droites qui se répètent comme les vagues d’un ciel, en train de devenir, par ce mouvement même, une mer.
L’élément aérien et l’élément aquatique se confondent, comme souvent dans les tableaux de Ernst, où les poissons volent et les oiseaux nagent.
Mais ici, plus poétiquement encore, on peut parler des vagues de la mer, reconnaissables, en bas, par la présence du jaune sable, et des vagues du ciel : le violet, l’indigo, l’outremer, en haut du tableau, étant animés par un même rythme de flux et de reflux, répétition de lignes qui se plissent et évoquent les mouvements de l’onde aux abords d’une plage. L’instabilité des formes, la magie de la métamorphose en acte devant nous, font à juste titre, de Max Ernst, ce « magicien des palpitations subtiles » comme l’appelait l’écrivain surréaliste René Crevel.
La poésie, qui est textuellement présente par le poème écrit au bas du tableau, s’incarne ainsi dans l’œuvre. Texte et image deviennent complémentaires. La liberté qui préside à l’assemblage plastique d’éléments hétérogènes domine aussi dans ce poème qui ne désigne pas platement l’œuvre, mais en prolonge les retentissements.
« La puberté proche n’a pas encore enlevé la grâce tenue de nos pléiades\ Le regard de nos yeux pleins d’ombre est dirigé vers le pavé qui va tomber\ La gravitation des ondulations n’existe pas encore. »
Signifiant clé du tableau, le mot « grâce » pourrait à lui seul qualifier ce collage. Néanmoins la perturbation, si chère à Ernst (Perturbation ma sœur), joue aussitôt dans ce texte pour produire l’insolite, l’inattendu. C’est ainsi que le syntagme « puberté proche », s’oppose à ce corps de femme mûre au centre de la composition. Il en va de même pour le vers « Le regard de nos yeux pleins d’ombre est dirigé vers le pavé qui va tomber », lequel contrarie la dynamique de notre regard, aimanté par le corps féminin. Mais il se peut aussi que nos yeux soient encore incapables de voir la beauté, attirés par le point de chute du tableau, encore plus que par la grâce de la femme-astre, en état d’apesanteur.
L’artiste nous convie alors à voir autrement et à être sensibles à la « gravitation des ondulations » qui « n’existe pas encore » et qu’il fait advenir dans son œuvre. En effet, par l’admirable métaphore finale, « la gravitation des ondulations » qui rend parfaitement le tableau où les sinuosités féminines se lient à la gravitation terrestre, poésie et peinture se rencontrent et agissent conjointement sur le spectateur, hymne à la beauté féminine et à la beauté tout court.
Rappelons à ce propos la phrase de Ernst : « La nudité de la femme est plus sage que l’enseignement du philosophe ». Max Ernst rejoint encore une fois Lautréamont qui, dans ses Poésies, avec une prodigieuse force affirmative déclare « Qu’il faut tout montrer en beau ». C’est vers la beauté lumineuse et le désir, autre force d’attraction plus sublime et subversive, que l’artiste nous invite à aller. La beauté et le désir rejoignent l’amour, toujours source de connaissance et de dépassement de soi pour les surréalistes (cf. à ce propos les romans d’André Breton : Nadja, L’Amour fou et la célèbre équation de Paul Eluard : L’Amour la poésie) .
(La révolution surréaliste lors d'une exposition au Centre Pompidou en 2002)
A.C
Geste d'encre peintre Touareg
par mercure-mot-chrome.over-blog.com
...la parole cherche papier ...
le papier invite à la trace
Agnès
A.C
Je rêverai, non pour réparer les chariots du vent
Ou une avarie de l’âme.
La légende est à sa place, piège
Dans le cours du réel.
Le poème ne peut modifier un passé qui passe
et ne passe pas
Ou interrompre le séisme.
Mais je rêverai,
Dans l’espoir que des pays s’agrandissent pour m’accueillir,
Tel que je suis,
Un des habitants de cette mer
Qui a renoncé à l’interrogation difficile :
« Qui suis-je ici-là ?...
Le fils de ma mère ? »
Les doutes ne m’assaillent guère.
Les pâtres et les rois ne m’assiègent pas.
Mon présent, comme mon lendemain, sont avec
moi
Et avec moi, mes petites éphémérides.
Chaque fois qu’un oiseau égratigne un nuage,
je note :
Le songe a délié mes ailes. Moi aussi je vole.
Car tout être vivant est oiseau et moi,
Je suis moi et rien
D’autre.
Mahmoud Darwich
A.C
Miroir de nos oreilles
Ma joue droite fixe une étoile
Sur la trajectoire de l’oiseau
La main dans la main nous partons
Par toits et terrasses de vent
Arlequin d’une pièce oubliée
Je joue la comédie des paroles
Tu me dis tais-toi c’est le royaume
De l’azur du silence novateur
Les cheveux mouillés de nuit
Nous nous balançons sur l’herbe
Des rires de lampes en filigrane
Dispensent des bribes de paroles
Insondable ciel des planètes
Nous traçons des signes sur l’eau
L’infini cache ses épines
Dans le miro
GIOVANNI DOTOLI
A.C