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8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 13:00

C'est en regardant jouer des enfants à la marelle, que le Roi des Aulnes m'est revenu en mémoire.

Rassurant de voir aujourd'hui des enfants poursuivent ce jeu, chevaucher le ciel avec une telle insouciance, passer du ciel à la terre et inversement dans une forme d'allégresse, inventer des histoires et des codes connus d'eux seuls...



Der Erlkönig


Wer reitet so spät durch Nacht und Wind ?
Es ist der Vater mit seinem Kind ;
Er hat den Knaben wohl in dem Arm,
Er faßt ihn sicher, er hält ihn warm.


Mein Sohn, was birgst du so bang dein Gesicht ?-
Siehst Vater, du den Erlkönig nicht ?
Den Erlenkönig mit Kron und Schweif ?-
Mein Sohn, es ist ein Nebelstreif. -


"Du liebes Kind, komm, geh mit mir !
Gar schöne Spiele spiel ich mit dir ;
Manch bunte Blumen sind an dem Strand,
Meine Mutter hat manch gülden Gewand."


Mein Vater, mein Vater, und hörest du nicht,
Was Erlenkönig mir leise verspricht ?-
Sei ruhig, bleibe ruhig, mein Kind !
In dürren Blättern säuselt der Wind.-


"Willst, feiner Knabe, du mit mir gehn ?
Meine Töchter sollen dich warten schön ;
Meine Töchter führen den nächtlichen Reihn
Und wiegen und tanzen und singen dich ein."


Mein Vater, mein Vater, und siehst du nicht dort
Erlkönigs Töchter am düstern Ort ?-
Mein Sohn, mein Sohn, ich seh es genau :
Es scheinen die alten Weiden so grau.-


"Ich liebe dich, mich reizt deine schöne Gestalt ;
Und bist du nicht willig, so brauch ich Gewalt."
Mein Vater, mein Vater, jetzt faßt er mich an !
Erlkönig hat mir ein Leids getan !


Dem Vater grauset's, er reitet geschwind,
Er hält in den Armen das ächzende Kind,
Erreicht den Hof mit Mühe und Not ;
In seinen Armen das Kind war tot.



    Le Roi des Aulnes


Quel est ce cavalier qui file si tard dans la nuit et le vent ?
C'est le père avec son enfant ;
Il serre le jeune garçon dans son bras,
Il le serre bien, il lui tient chaud.


Mon fils, pourquoi caches-tu avec tant d'effroi ton visage ?
Père, ne vois-tu pas le Roi des Aulnes ?
Le Roi des Aulnes avec sa traîne et sa couronne ?
Mon fils, c'est un banc de brouillard.


"Cher enfant, viens donc avec moi !
Je jouerai à de très beaux jeux avec toi,
Il y a de nombreuses fleurs de toutes les couleurs sur le rivage,
Et ma mère possède de nombreux habits d'or."


Mon père, mon père, et n'entends-tu pas,
Ce que le Roi des Aulnes me promet à voix basse ?
Sois calme, reste calme, mon enfant !
C'est le vent qui murmure dans les feuilles mortes.


"Veux-tu, gentil garçon, venir avec moi ?
Mes filles s'occuperont bien de toi
Mes filles mèneront la ronde toute la nuit,
Elles te berceront de leurs chants et de leurs danses."


Mon père, mon père, ne vois-tu pas là-bas
Les filles du Roi des Aulnes dans ce lieu sombre ?
Mon fils, mon fils, je vois bien :
Ce sont les vieux saules qui paraissent si gris.


"Je t'aime, ton joli visage me charme,
Et si tu ne veux pas, j'utiliserai la force."
Mon père, mon père, maintenant il m'empoigne !
Le Roi des Aulnes m'a fait mal !


Le père frissonne d'horreur, il galope à vive allure,
Il tient dans ses bras l'enfant gémissant,
Il arrive à grand peine à son port ;
Dans ses bras l'enfant était mort.


 
Roi des Aulnes ou Roi des Elfes
Erlkönig a été traduit par Charles Nodier par Roi (König) des Aulnes (Erle). On aurait plutôt écrit Erlenkönig.

Goethe a repris un titre d'un poème de Johann Gottfried von Herder, Erlkönigs Tochter, qui avait traduit le danois Ellerkonge : le roi des Elfes (variante Elverkonge) par Erlkönig.

Distinction entre l'aulne qui est un arbre et l'Aulne qui est un elfe.

Le titre du poème de Goethe a été traduit
en danois : Ellekongen
en italien : Il re degli Elfi

 

A.C 

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 23:37

 


 

A.C

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 15:14

Déluge, Henri Bauchau

 

Pour moi, un livre exceptionnel. Un autre.

 

Déluge est une histoire captivante sur la guérison physique et psychologique par l'art, par les rencontres qu'il occasionne avec d'autres personnes. La peinture, le jeu des couleurs. Sur la volonté de sortir des systèmes où la société nous enferme. L'art pour sortir de tout ce qui nous fait peur, nous étouffe : la peur des autres, la maladie, les traces d'un passage en prison, la peur de l'amour auquel on ne croit plus.

 

Il y a Florian, le peintre " fou " et pyromane, épuisé et marqué par l'âge. Il est célèbre. Le moindre de ses gribouillis, signé ou pas, vaut une fortune. Florence, femme bardée de diplômes, est professeur dans une grande école. Elle est surtout très malade et ne pense pas pouvoir s'en sortir. Son amie Margot la décide à venir la retrouver dans le Sud. C'est à l'occasion d'une promenade que Florian et Florence se rencontrent sur le port. C'est une de ces rencontres qui vous change la vie dans tous les sens du terme.
Florian fait immédiatement confiance à Florence. Cette dernière a su trouver les mots pour l'empêcher de brûler ses dessins, le mettre en confiance, à se lancer dans une œuvre d'envergure. Nul ne sait, et surtout pas le peintre pyromane, quelle sera cette œuvre, ce qu'elle exprimera. Mais ensemble, ils vont s'immerger totalement, jusqu'à l'épuisement parfois, dans cette création. Déluge, l'œuvre de Florian est inspirée de l'histoire de Noé et de son arche. Elle est peut être la dernière, celle qu'il ne brûlera peut être pas.

 

 

Quel régal de retrouver le style si particulier de H. Bauchau. Cette écriture de paix ! Une écriture apaisante, d'une douceur toujours présente dans les mots, dans le rythme des phrases, même pour décrire un moment violent, intense comme une crise de Florian ou une montée d'inquiétude chez Florence ou la colère chez Simon.

Déluge est une de ces histoires qui vous portent, vous font du bien, vous enveloppent pour un long moment bien après votre lecture. Elle confirme encore le talent de l'auteur à partager l'ouverture de l'autre malgré sa « folie ». Et qu'au sujet des êtres il faut comme en peinture ou autre forme d'expression, apprendre à regarder autrement. La richesse pour les autres et pour soi est si proche. Il suffit d'oser malgré ses peurs.

A lire et à relire car il y a encore tant à découvrir, à partager dans ces lignes.

 

Un extrait :

 

" L'après-midi, après la sieste de Florian, nous nous retrouvons dans l'atelier. Nous nous asseyons et Florian regarde en silence les grandes toiles blanches de dimensions différentes qui sont accrochées au mur. Il n'a pas encore choisi celle qu'il va peindre. Il reste là un très long moment à regarder, à regarder ce rien, à être heureux d'une certaine façon, car nous sommes heureux, tous les deux, sa main posée sur mon bras. Est-ce que c'est ça qu'il appelle me connaître ? Est-ce que c'est cela que je lui ai demandé lorsque je lui ai dit : « Vous ne me connaissez pas. »
Ensuite il y a le moment où il m'amène devant une toile blanche. J'ai l'impression qu'il me traîne là, il me donne des pinceaux, des couleurs et je peins. Il reste près de moi, tenant mon bras gauche dans sa main. Après un certain temps je sens que ce bras qui m'assure, qui me rassure, qui m'apporte je ne sais quelle force, est celui d'un homme épuisé, heureux, parfois merveilleusement heureux et désespéré toujours. Alors comme lui, contre lui, je pose des couleurs dérisoires et puissantes sur une immensité qu'il s'agit de perforer et qui doit être la mort. Quand Florian s'éloigne, que son bras n'est plus sur le mien, la colère me saisit et je l'achève par un acte de violence. Il m'arrive parfois de penser que comme lui j'aimerais brûler ma toile, mais ce serait son geste à lui, pas le mien. Je ne vais pas l'imiter, je ne suis pas son élève, sa disciple, il détesterait ça. Il m'aime beaucoup. C'est la seule chose dont je sois sûre dans cette aventure. Qui sera brève comme tout le reste, qui finira sur un lit d'hôpital. Je sais, je sais comment. Je connais bien les hôpitaux. Lui aussi, mais pas les mêmes."

 

 

 

A.C

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 11:35

Invent' R

Dans mon caddie
il y a de la laitue croquante
des feuilles de menthe
un ciel bleu de juin
et des rires enfantins

Dans mon caddie
il y a des tomates cerises
rouge automne indien
un train électrique une grosse valise
des pene al dente
des hamacs sous les oliviers
des pamplemousses sous les sapins

Dans mon caddie
il y a Fatras
les mots de Neruda
poèmes de miel et de farine
du vers fluide  et comestible

Dans mon caddie bien rempli
il y a aussi
des bottes de radis des brins de persil
trois enfants vingt caprices
trente boîtes de play mobil
et dix caissières qui s'ennuient

Dans mon caddie
il y a des frites au choix
du chocolat du thé de Chine
du cétéra
de l'idéal pour le régime

Dans mon caddie
il y a tout
qui s'embrouille
du pain des bêtises des noix
du riz des pâtes des nouilles
des émotions qui tambouillent
et plein de riens qu'il ne faut pas

Dans mon caddie bien rempli
Il y a Dame Sardine
qui réclame sa cousine
à la cuisine

Agnès

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 11:23

 

« Déshabillez mots » de Léonor Chaix et Flor Lurienne

 

 

Avez-vous déjà entendu parler de Léonor Chaix (la brune) et Flor Lurienne (la blonde) ? Tous les week-ends, durant trois étés consécutifs, elles ont réveillé les auditeurs de France Inter. Bon, d’accord, c’est un peu tôt… à 8 h 53, surtout le dimanche. Mais ces deux comédiennes ont remporté suffisamment de succès pour se faire remarquer (le prix S.C.A.M. de la Meilleure Œuvre radiophonique 2009). Et pour cause ! Elles ont eu l’idée de donner vie au vocable en le personnifiant. Dans leur spectacle, tantôt animatrices (télévision ou radio, au choix), tantôt dans la peau d’un « mot » (si, si je vous assure !), elles échangent les rôles et donnent corps au lexique, qu’elles interrogent…

 

Pour cela, prenez un zeste de « légèreté », ajoutez-y une pincée d’« infidélité » et saupoudrez d’une bonne dose de « sympathie »… Vous obtenez la recette de la « gazette linguale ». Il est certain que si vous préférez la version fast-food et texto, si vous aimez le vite fait mal fait, évitez de vous aventurer dans l’antre drolatique de ces deux jeunes gazelles. Armées d’une plume très personnelle et d’une lame bien féminine, elles taillent un short aux faux-semblants et aux préjugés pour redorer la pilule au lexique et incarner le verbe.

 

C’est ainsi que la « Légèreté » est interviewée. Tout en réclamant sa petite coupe de champagne, elle affirme sa désinvolture, mais refuse catégoriquement d’être confondue avec la « Futilité ». Puis, d’un coup de manivelle, c’est au tour du « Déclic » de recevoir des appels d’auditeurs qui se plaignent de ne pas avoir trouvé de sens à leur vie. Encore faut-il avoir appuyé sur le bon bouton, déclenché le bon « clic » pour fulminer contre notre conscient et donner une bonne claque à notre inconscient. Autrement dit, ces Don Quichotte ne manient pas seulement la langue pour secouer la salle de rire, mais partent au combat pour « demande[r] des comptes » et « arrache[r] le voile » à bien des mensonges.

 

« Se reconnecter avec sa part sacrée »

Qu’est-ce que le Verbe, sinon toucher à l’Être ? Renoncer au verbe serait donc tout bonnement nier l’Être, c’est-à-dire cette part totalement impalpable, mais bien nichée en nous et tellement essentielle. Ainsi – et comme le rappelle avec intelligence la metteuse en scène Marina Tomé – c’est aussi une des « missions du théâtre depuis les grands Grecs et la catharsis » que de « se reconnecter avec sa part sacrée ». De la sorte, pour allier vision décalée et spécimens passés au crible, un gros travail scénographique a été accompli. On ne s’est pas contenté ici de seulement transposer sur la scène une émission de radio, ni l’atmosphère d’un studio d’enregistrement. Au contraire, le décor n’est pas figé et les objets prennent sens au gré de leur utilisation. Nous avons notamment apprécié le travail qui a été fait avec les panneaux transparents. Ils donnent du poids aux mots et permettent aux comédiennes de varier leur jeu.

 

De même, les lumières éclairent le vocabulaire (choisi avec soin) et permettent de nous plonger dans cet univers loufoque. C’est ainsi que pour dénicher la « Paresse », il a fallu se rendre dans la belle nuit étoilée du « royaume longue durée ». De l’« Aboulie » à l’« Onanisme », en passant pas la « Procrastination », les mots sont passés au rayon X, psychanalysés, réintégrés, réanimés… le bouche-à-bouche de Flor et de Léonor leur donne le souffle nécessaire. Le regard fantaisiste et poétique de Marina Tomé allonge leur espérance de vie.

 

Sur ce chemin des mirages, un petit bémol néanmoins dans la construction et l’enchaînement des saynètes. Quelques moments manquent de rythme, et l’on peut trouver certaines scènes un peu longuettes (précisément… l’« Attente » !). Mais nous avons assisté à la première, et nous parions que les comédiennes auront suffisamment de ressource pour trouver le bon rythme dans les représentations suivantes. Attention aussi à ne pas tomber dans du déjà-vu et de l’attendu : le sketch sur la « Virilité », par exemple, était un peu facile…

 

Mais aucune raison ici de faire appel à la « Colère » ni à la« Pusillanimité », ce spectacle mérite le déplacement. Car les mots aussi ont le droit de demander des comptes à une société qui oublie leur épaisseur, dénigre leur importance et les préfère hachés, coupés, évidés… Tous ensemble, appelons de toutes nos forces S.O.S. maltraitance, hurlons à cor et à cri contre l’injustice qui est faite aux mots. Eux aussi réclament leur majuscule, ils sont un bel échantillon de notre humanité… Non, ils ne peuvent être mis à la retraite !  

 

Article écrit par Sheila Louinet 

Les Trois Coups ( www.lestroiscoups.com )

 

Voici un extrait du spectacle aux Trois Baudets

 


 

 

A.C 


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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 15:31

Albrecht-Dürer-Self-Portrait-in-a-Ful-Trimmed-Coat-1500
Albrecht-Dürer
par mercure-mot-chrome.over-blog.com

 

 

Les cinq doigts de la main ( écrit d'une autre époque )

Le pouce est ce gras caberetier flamand, d'humeur goguenarde et grivoise, qui fume sur sa porte, à l'enseigne de la double bière de mars.
L'index est sa femme, virago sèche comme une merluche, qui, dès le matin, soufflette sa servante dont elle est jalouse, et caresse la bouteille dont elle est amoureuse.
Le doigt du milieu est leur fils, compagnon dégrossi à la hache, qui serait soldat s'il n'était brasseur, et qui serait cheval s'il n'était homme.
Le doigt de l'anneau est leur fille, leste et agaçante Zerbine qui vend des dentelles aux dames, et ne vend pas ses sourires aux cavaliers.
Et le doigt de l'oreille est le Benjamin de la famille, marmot pleureur qui toujours se brimbale à la ceinture de sa mère comme un petit enfant pendu au croc d'une ogresse.
Les cinq doigts de la main sont la plus mirobolante giroflée à cinq feuilles qui ait jamais brodé les parterres de la noble cité de Harlem.

 

Les fantaisies de Gaspard de la Nuit, Aloysius Bertrand


 

A.C

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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 15:03

 


 

 

Merci Allain

 

Merci à Cécakébon pour ce partage 

 

A.C

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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 12:12

 

 

Dans ce piano tout noir, Romain Didier

 

 

A.C 


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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 11:42

Le plein

 

 

Pas ce soir, Juliette. Non, pas ce soir.
Je ne peux pas...peux pas.
Tu vois ce chariot devant la porte...je suis comme lui, bloqué contre des mâchoires, tournant dans des bras tentaculaires d'une société de consommation, nos vies glissant inaperçues sur un tapis roulant, résumées à des codes, des chiffres, des cartes et encore des codes.
- Achetez ! Achetez ! Nous vous offrons une vie meilleure. Tu entends la voix synthétique dans le haut-parleur...même la voix est truquée. Juliette, même la voix...
Ce n'est pas ça la vie.
Ce n'est pas que cela.
Viens, laissons ces lumières qui ressemblent à celles des gares d'où les trains ne partent jamais.
Promenons-nous plutôt dans les rues, buvons leur pénombre joyeuse, sautillons dans les flaques, peu importe.
Il y a tant de choses à faire, tant à rêver, mais pas ça, pas maintenant, Juliette.
Nous ferons le plein de vie autrement.
Ce soir, Juliette, je n'ai pas peur du vide.

 

texte publié sur mille et une histoires

http://miletune.over-blog.com/

 

 

Agnès

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31 octobre 2011 1 31 /10 /octobre /2011 16:47

La délicatesse de David Foenkinos

 

Ce n'est pas que je vive "au fin fond du Tonkin", mais je n'avais jamais entendu parler de l'auteur ni de son ouvrage. Je tiens rarement compte des critiques ou d'un bandeau du style "roman aux dix prix littéraires".

Mais, voilà, grâce à une valise à roulettes et/ou sa/son propriétaire, je n'ai pu résister à la tentation d'acheter "La délicatesse".

Me trouvant dans la foule, un jour où je prenais le train, une valise est venue me marcher sur les pieds. Le premier mot qui trotta dans mon esprit, fut -indélicatesse-, quand le ou la propriétaire s'enfila à vive allure dans les couloirs de la gare, sans exprimer le moindre signe de réaction. Puis mon regard se pencha sur la vitrine d'un kiosque à journaux et là je découvris la belle coïncidence sur un présentoir.

Dès les premières lignes, j'ai été sous le charme : une écriture inventive, cinématographique, rythme, humour, poésie, des personnages qu'on a l'impression de connaître et qu'on ne veut pas quitter.

J'ai souri, j'ai été étonnée, émue.

J'ai aimé toutes les petites parenthèses distillées ça et là, les notes en bas de page, les listes farfelues, les citations, les définitions ( dont celle incontournable et magnifique de la délicatesse ), les paroles de chansons. Ces digressions sont des bouffées d'oxygène.

Et puis il y a Markus, qui nous donne envie de (re)-lire grapillant à notre rythme les aphorismes de Cioran, de fuir le quotidien en jouant à cache-cache dans un jardin.

Bref, un ouvrage qui nous pousse vers la curiosité de découvrir davantage l'univers de l'auteur en lisant ses autres livres.

 

L'histoire :

 

Tout commence comme un conte de fée. Nathalie et François se rencontrent dans la rue, tout à fait par hasard, s'ensuit une histoire d'amour. Le quotidien apparemment n'entache en rien leur bonheur, même s'il semble insolent et que cette insolence peut faire peur. Jusqu'au jour où François meurt dans un accident, le monde de Nathalie s'effondre, vivre lui devient insoutenable, mais malgré tout, la vie reprend ses droits lui réservant de drôles de surprises...

  Passages au fil des pages :

 

"Il avait choisi un restaurant italien, non loin de chez elle. Elle était déjà bien gentille de dîner avec lui, alors il ne voulait pas lui faire traverser la ville. Comme il était en avance, il commanda deux vodkas au bistrot d'en face. Il espérait y puiser du courage, et un peu d'ivresse aussi. L'alcool ne fit aucun effet, et il alla s'installer dans le restaurant. C'est donc dans un état de parfaite lucidité qu'il découvrit Nathalie, ponctuelle. Il pensa aussitôt qu'il était heureux de ne pas être saoul. Il n'aurait pas voulu que l'ivresse saccage le plaisir de la voir apparaître. Elle avançait vers lui... elle était si belle... de cette beauté à mettre des points de suspension partout... Et puis, il pensa qu'il ne l'avait jamais vue le soir. Il était presque étonné qu'elle puisse exister à cette heure-ci. Il devait être du genre à penser que la beauté se range dans une boîte pendant la nuit. Il fallait croire que non, car elle était là, maintenant. Face à lui."


*

- "Pensée d'un philosophe polonais

 

Il y a des gens formidables

qu'on rencontre au mauvais moment.

Et il y a des gens qui sont formidables

parce qu'on les rencontre au bon moment. "

 


 

* J'ai retrouvé dans "mes archives" quelques aphorismes de Cioran que j'avais notés :

 

- Shakespeare : rendez-vous d'une rose et d'une hache...( Syllogismes de l'amertume )

 

- S'ennuyer, c'est chiquer du temps ( Syllogismes de l'amertume )

 

- L'art d'aimer ? C'est savoir joindre à un tempérament de vampire la discrétion d'une anémone ( Syllogismes de l'amertume )

 

- La raison : rouille de notre vitalité ( La tentation d'exister )


- L'admiration n'a rien à voir avec le respect ( De l'Inconvénient d'être né )

 


 

 

A.C

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